Du vécu au quotidien : Profession Chomeuse

Publié le par jeejee27.over-blog.com

Je m’appelle Isabelle Maurer, j’ai 50 ans et c’est moi que vous avez vu dans "Des paroles et des actes" jeudi soir sur France 2. C’est moi qui ai interpellé Jean-François Copé sur ma situation de chômeuse.

 

On m’a demandé de raconter ma vie, concrètement

 

Je suis arrivée là parce que j’ai été contactée par la rédaction de la chaîne en juillet dernier, via le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), pour un reportage sur le RSA actif à Mulhouse, où j’habite.

 

Pour cette émission-là, on m’a rappelée pour m’inviter à venir parler du chômage. Moi, je pensais que c’était pour le chômage et la précarité en général. En fait, on m’a dit qu’on voulait que je raconte mon vécu, mon quotidien, ma situation. Je connais ma vie, je connais ma souffrance… Du coup, je n’ai pas vraiment hésité.

 

Je suis chômeuse depuis une petite dizaine d’années. Enfin chômeuse… j’ai enchaîné les petits contrats à la Poste, à la SNCF pour les sondages, mais ça n’a jamais fait un travail de longue durée.

 

Les politiques sont déconnectés de notre souffrance

 

Jeudi, j’ai dit beaucoup de choses à Jean-François Copé, j’étais en colère. Mais j’ai l’impression que ceux qui nous gouvernent ne savent pas ce que c’est que d’être dans le besoin. Ils ont fait de grandes études, et leur quotidien n’a jamais été menacé. Ils sont déconnectés de la vraie souffrance que je partage avec beaucoup de Français. Ils n’ont jamais eu besoin de compter les centimes.

 

Regardez le nombre de salariés, de dirigeants de PME ou d’artisans qui sont députés, ils sont très peu… Comment les députés peuvent-ils "comprendre" ce qu’on vit tous les jours, nous les chômeurs ?

 

On ne peut compter que sur nous-mêmes

 

Je pense que je l’ai dérangé, un peu embêté, mais je ne pense qu’il m’ait vraiment écouté. Je voulais juste le faire réfléchir quand il dit qu’il "comprend" ce qu’on vit…

 

Mais moi, quand je ne travaille pas, que je ne trouve pas de contrats, je ne gagne que 20% de ce à quoi je pourrais prétendre. Si on faisait la même chose aux députés, je pense qu’ils remettraient rapidement les pieds sur terre. Ils sauraient de quoi ils parlent.

 

En fait, quand je pense à la politique, aux gens qui ont le pouvoir, j’ai de moins en moins confiance. Je me dis que la seule solution qu’on ait, nous, c’est de nous bouger par nous-mêmes. Sans compter trop sur personne.

 

Je voudrais ouvrir mon salon de thé, mais…

 

Du coup, j’ai un projet depuis longtemps. Quelque chose qui pourrait changer ma vie du tout au tout et qui me tient vraiment à cœur : c’est l’ouverture d’un salon de thé, un lieu de vie à Nancy, pour créer du lien social entre les gens. Le problème que j’ai, c’est toujours le même, c’est que personne ne veut m’aider à le financer. J’ai déjà été voir mon banquier, mais je ne suis pas intéressante pour lui.

 

Alors pour tenir le coup, je suis vendeuse indépendante. Je reçois et je vais chez les gens pour leur vendre des bougies, des objets de décoration et des produits de santé. Je m’accroche et je me consacre pleinement à mes clientes. Parce que si je les accueille ou que je vais les voir, c’est pour leur consacrer du temps.  

 

Allez voter

 

Une dernière chose, je ne vous dirai pas pour qui j’ai voté. Ça m’appartient et je ne l’ai jamais dit à quiconque. La seule chose que j’ai envie de dire, c’est qu’il faut se déplacer pour mettre son bulletin dans l’urne. Je pense qu’on ne s’en sortira que comme ça. En votant pour ceux qui font – vraiment – bouger les choses.

 

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