Un Camaïeu de bas salaire
Il y a des patrons qui apprécient le RSA. Cherif Lebgaa, délégué F.O. de Camaïeu, la marque de fringues, a montré sa fiche de paie à "Libération" (15/6) : 1 180 Euros par mois. Complété par 296 Euros de RSA pour cet homme, père d'un enfant, dont la conjointe n'a pas de boulot. Dix-huit ans qu'il trime à décharger des camions et à trier des cartons, mais pourquoi le payer mieux ? "quand je demande une augmentation à la DRH, on me répond : pas la peine, il y a le RSA !" et c'est l'état qui casque...
Il est vrai que l'entreprise est miséreuse : Camaïeu a engrangé 1 milliard de chiffre d'affaire l'an dernier et a distribué 48 millions de dividendes aux actionnaires...Les cadeaux aux salariés, eux, sont gras comme une taille 34 : pas de tickets resto, pas de chèque vacances et une prime de 50 euros...supprimée le mois dernier.
En sept ans, raconte Libération, Pascaline, 42 piges et un temps partiel imposé, a ainsi royalement empoché 20 Euros d'augmentation. Elle aussi s'est résolue à demander le RSA : 200 Euros par mois.
L'effet d'aubaine fait s'étouffer Martin Hirsch, l'inventeur de cette aide qui devait aller aux travailleurs pauvres et précaires.
Mais il tient la solution : les boîtes qui paient leurs salariés au lance pierre et "coûtent de l'argent à l'état en RSA" alors qu'elles rémunèrent grassement "leurs dirigeants et leurs actionnaires" ne devraient plus avoir d'allégements de charges sur les bas salaires.
Personne n'y avait encore pensé ?
La petite dernière pour finir : la cour des comptes vient tout juste de sortir d'un tiroir du ministère du budget, la facture carabinée du bouclier fiscal sur l'année 2011 : 785 millions d'euros !
On dit merci qui ?